Quand un mec comme Medhi te propose, au début du mois de Janvier de participer à une aventure ski de fond nordique dans le Vercors, tu ne peux qu’accepter. Parce que le massif est magnifique, la pratique dépaysante, et que tu va passer un moment magique avec les copains pas vus depuis une paye.
Le Trièves, porte d’entrée moins connue du Vercors
C’est donc dans le Trièves, à Monestier de Clermont que nous avons rendez-vous ce Vendredi 18 Février. La 307 est posée depuis 15h30 au point final et planifié de notre épopée, à Corrençon-en-Vercors. Les vertacomicoriens se sont ligués pour me descendre du plateau en stop, 4 Voitures et 10 min d’attente cumulée plus tard, je suis déposé à SMH pour rejoindre Pierre, arrivé d’ Aussois, affuté comme un bucheron, chemise carreautté et barbe taillée en prime. Fabien S. , notre 4eme comparse et 2ème Fab, arrive jusque Monestier en covoiturage et à 19h, toute l’équipe est réunie. Reste à récupérer les SRN aka skis de randonnée nordiques (Fischer Outtabound, Madshus Epoch et chaussures Scarpa T4) chez Grillet Sports à Gresse-en-Vercors, et à répartir la bouffe commune et le matos pour 3 jours. Réchaud ? oui, et avec une cartouche de 270g, pas une de 130, ça tient que 35 min ! Tarp ? Bon, ok , mais on prend le petit ?

Cubis de rouge de 3L ? Non mais là vous déconnez les gars, vous allez les maudire ces 3 kilos à trimballer sur 2 jours, on prend 50cl et on se rationne, bande de gouapes! Arva + Pelle+ sonde ? On prend (mais au final c’était de la sur-sécu). A 22h30, après s’être régalé de caillette et de légumes maison, extinction des feux.
J1 – Samedi 19 Février 2022, levé 6h45, départ 8h15 de la maison, direction le foyer de ski de fond de la Richardière à Chichilianne, sous le Mont-Aiguille à 20 min de route. On chausse les ski, tout content et avec des conditions correctes direction le pas de l’aiguille, 700m de dénivelés plus haut, portage et passages glacés en prime.




Après 1h30 de grimpe, on arrive au pas de l’aiguille, un col chargé d’histoire qui fut le lieu d’actes de résistances du 22 au 24 Juillet 1944. Medhi, local de l’étape, nous conte des histoires de câbles, de grotte, de grenades et d’embuscades, et à la vison de la grotte susdite, l’imagination s’emballe. Passé le pas, nous entrons dans les 6 à 7 km hors sentiers dans la pampa du haut plateau, ou l’orientation et le sens de la ligne prend toute son importance.

Après une pause déj/café, nous repartons au sud-ouest direction les vallons sauvages du haut plateau, en passant un col à environ 1850m entre la Tête des Chanaux (1889m) sur notre gauche et sur notre droite les falaises de l’impressionnante Montagnette (1972m). Il est 16h, nous reste un col et environ 8/9km à parcourir, c’est le moment que Medhi choisit pour appliquer la méthode remonte-pente pour tracter Fab, qui, après quelques chutes et une douleur persistante à la hanche, a moins le péchon pour avancer à la cadence nécessaire pour atteindre notre cible avant la nuit.





Nous descendons plusieurs vallons en passant par la cabane de l’Essaure. Nous perdrons 450m de déniv’, s’enchainent de belles pentes à 15-20% qui nécessitent un niveau correct de ski alpin avec neige trafollée et/ou gelée. Nous arrivons à l’auberge de Combeau à l’heure du coucher de Soleil, après 17km et 1200m de dénivelés, bien secs. Bière méritée, planification du lendemain, étude des cartes, évocation de l’abandon de Fab suite blessure. Nous convenons de reporter la décision au matin selon le futur état de sieur Steich’ et dormons dessus.
J2 – Dimanche 20 Février 7h au ptit déj, nous enfilons moult cafés et tartines pour être tôt sur les skis et envoyer la longue journée qui nous attends, établie entre 25 et 30 km sur la carte au 1/25000 au pifomètre. La hanche de Fab fait des siennes, impossible de marcher, la décision sage d’arrêter ici est prise, l’avantage de la nuit sur ce gite est l’accès à la route sur le Diois et le Trièves.
Il fait magnifiquement beau comme prévu. Nous partîmes 4, nous reviendrons 3 inch’allah. Amputé d’un Fab, mais un restant vaillant, nous rebroussons chemin sur les 4 km déjà parcourus la veille dans le vallon de Combeau, qui nous ferons passer de 1400m à 1760m en 1h30. Après avoir remit les peaux pour cette ultime grosse montée (ce sera la dernière >10% et de plus de 300m) nous n’aurons plus à repeauter jusqu’à la fin.

Suivent 2 à 3 km de sentiers balcons qui nous mènent devant le plus beau point de vue et un des classiques du parcours des hauts plateaux.




A midi + 2 minutes, km 11, heure classique et métronomique de « casse-croute » de l’ogre Pierrot, nous prenons 1h pour dévorer : Des pommes qui poussent dans la terre, un troupeau de chameau, la montagne de caviar ! Et ici le petit toast qui va avec. Et avant de passer à la suite, l’éléphant aux olives. Après s’être doré la pilule quelques minutes au soleil et bu le café qui se doit de fin de repas, départ à la descente pour rattraper la GTV plus bas et enfiler les longs km qui nous nous séparent des Jasses, ces cabanes typiques du Vercors, non gardés et par définition à places limités. Il est 13h, nous nous laissons 5h pour les 14 à 19 km que nous pensons restants, la topographie étant désormais plus roulante et à notre avantage. En 3km, nous récupérons la GTV, nous croiserons un obus, des traces de renard et des vues sur le Grand Veymont à couper le souffle.



Un arrêt à la fontaine vers 16h et dernière ligne droite jusqu’à la Jasse du Play, ou nous arriverons à 17h & 25 km tout pile, en 7h sur les planches, une belle bambée accessible à de bons skieurs un peu entrainés, ou à réserver aux longues journées de fin mars. Nous sommes 2 groupes soit 7 personnes de 17h > 18h30, puis 3 autres groupes arriveront de 18h30 à 19h30, nous passerons à 14 dans la cabane, les 2 derniers arrivants devant dormir en bas par limitation de place. Nous en profitons pour faire un pastagapéro coucher de soleil sur les contreforts du chalet. La fatigue et l’anis suffisent à nous satelliser sur la planète Trodski.





J3 Lundi – Après une nuit à 5-7°c et même des meufs qui ronflent à l’étage, nous sommes les premiers levés pour rallumer le feu, éviter les conditions dantesques et le mauvais temps planifiés pour forcir ( vent annoncé jusque 60km/h) tout au long de la journée. Au Pdj à 7h, nous sommes à 8h sur les skis. Le temps est neigeux mais correct, nous partons sans sourciller.

Je décide de bourinner et de ne plus vraiment m’arrêter, la vue de l’esprit d’un burger et d’une lunette de toilettes propres étant pour moi quelque chose de plus paradisiaque que les plages de Thaïlande si peu originales. Après 4 à 5 km de GR et de GTV, nous reprenons 100m deniv + pour atteindre les 1700m et point culminant de la journée qui nous mènera au canyon de trucMuch pour la pelouse de Darbounouse.



Passage devant la très mignonne cabane de Carette. Puis nous déroulons une dernière heure dans les sentiers large de 1,5m en forêt, passant de 1450 à 1150 mètres, nous arriverons à 11h30 après 18km, 3h30 de descente intense et technique. Les flocons nous attendent à notre arrivée à Corrençon, nous sommes satisfaits, séchés, le visage brûlé et heureux, le restau des hauts plateaux et son staff attentionné sont un havre de paix et de luxure pour des estomacs de voyageurs amateurs et affamés comme les nôtres.
59 km, 2500 /2600m de déniv et 18h30 sur les planches, c’est le bilan, calmement.




Nous finirons ce voyage par la logistique retour de re-dépose de ski / récup de bagnolle au point de départ. Le voyage a été formateur et empreint de vagabondage. La neige du jour nous dit à bientôt, le plateau de ski de fond de la Richardière est désormais recouvert de 10 cm de neige toute neuve.

POSTE SCRIPTE HOMME
- Vous pouvez obtenir nos traces gpx de ce trip au prix de 595 francs.
- L’avis de décès de mes tibias ont été déposés en mairie à Clelles.
- Si vous n’avez pas un niveau 2eme/3eme étoile de ski alpin, vous risquez d’en chier sur les chemins glacés et dans les dévers selon la qualité de la neige.
- Sac de 9-10 kg et 55L max, sinon votre dos vous maudira sur 4 générations.
- Ne faites pas (comme moi et Pierre) la connerie de croire que des skis de fond à écailles de 44mm suffiront, c’est faux. Vive les carres et les patins de 68mm.
Top!
Merci!
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